Les rencontres du quotidien

Bonjour à tous depuis Bariloche! Aujourd’hui je tenais à vous faire partager mon quotidien en termes de rencontres. Une journée à pédaler seule peut paraître long mais vous vous rendrez compte que nous ne sommes jamais vraiment seuls et tous les cyclistes « solo » vous diront la même chose. Voici donc des petites anecdotes de personnes que j’ai rencontrées sur la route des sept lacs, imaginez ce que cela représente sur six mois…

– Lors de ma dernière étape chilienne je me suis réveillée devant un panorama incroyable vous vous en souvenez. Mais ce jour là j’avais à peine de quoi déjeuner et une longue route à parcourir avec de nombreuses montées. Pour la première fois depuis le début du voyage au bout de neuf kilomètres ma tête à commencer à tourner et je vascillais sur mes jambes. Je me suis arrêtée un instant puis suis repartie en me disant que ça finirait par passer. Mais il y a des jours avec et des jours sans et ce jour là je n’y arrivais clairement pas. C’est alors qu’un pick up est sorti de nul part, m’a doublé et a pilé devant moi. Je n’avais même pas encore mis pied à terre qu’un couple descend et vient à ma rencontre en me tendant sandwich et bouteille d’eau…

– Le lendemain alors que j’embarque sur le ferry, une argentine vient à ma rencontre et me propose de la rejoindre elle et deux amis pour boire un maté. On passe ainsi une heure et demie à parler de tout et de rien, à en oublier tout le reste si bien que nous ne nous rendons même pas compte que nous sommes arrivés et que tout le monde est déjà descendu!

– Je quitte mes amis du ferry et me rends dans un petit restaurant pour prendre un petit déjeuner, le soleil n’arrive toujours pas à me réchauffer je décide d’attendre avant de prendre la route. Je m’installe et un couple vient vers moi et entame la conversation puis au bout de quelques minutes me disent au revoir et remontent dans le bus qui les attendaient. Je m’apprête alors moi aussi à quitter le restaurant et demande l’addition mais la serveuse me dit en souriant « ce n’est pas la peine le monsieur à payer pour vous en sortant »!

– Il est déjà presque 11h30 lorsque je me décide enfin à affronter le ripio chilien mais les côtes argentines quelques kilomètres plus loin seront les plus dures. Je garde malgré tout le rythme et surtout le sourire. Les rares chauffeurs que je croise me saluent gaiement, un chauffeur de bus baisse même sa vitre pour me dire en riant « tu es folle ma parole! » et un gardien du parc s’arrête en haut d’une côte pour me féliciter.

– J’arrive enfin à San Martín, on me recommande un hostal, je n’y passe qu’un jour et demi mais comment vous dire… Je n’arrive pas à décoller. Il est déjà midi j’aurais déjà dû partir depuis trois heures mais ici les gérants et moi on se tort de rire à en avoir les larmes aux yeux. Le contact est facile et spontané et les blagues s’enchaînent les unes après les autres.

– Quinze kilomètres plus tard, je m’arrête à un mirador quand un couple me voit et commence à me poser les questions habituelles : D’où viens-tu? Combien de kilomètres as-tu parcouru depuis le début ? Où comptes-tu aller? Tu voyages seule? Ce n’est pas dangereux pour une femme? Ils me demandent ensuite l’éternelle photo souvenir et le monsieur ne résiste pas à l’envie d’essayer mon vélo, puis au moment de repartir ils ne peuvent s’empêcher de me proposer des soupes, gateaux, maté et autres provisions ayant peur que je manque de quelque chose.

– Le soir j’arrive à un camping mais me retrouve devant la porte fermée. Qu’importe un vélo peut passer alors je n’hésite pas. Je fais le tour pour au moins signifier ma présence mais ne trouve personne. Par contre je remarque une porte ouverte et des matelas dans la petite pièce, ce soir je dormirai au moins au chaud. Je commence à me préparer à manger quand arrivent deux travailleurs saisonniers. La saison est terminée mais ils sont encore là une journée pour terminer de nettoyer. Je leur explique que je suis passée malgré la porte fermée et que je me suis installée derrière la réception, ils rient et confessent qu’ils auraient fait la même chose puis allument le poêle et m’invitent à boire un café pour me réchauffer. Je partagerai le dîner avec eux ainsi que le petit déjeuner si bien que je ne quitterai le camping qu’à 13h ce jour là (de mieux en mieux!).

– Quelques kilomètres plus loin je me fais arrêter par les frères Nicolas (selon eux le meilleur nom de famille d’Argentine!) Ils traversent la rue en courant et me proposent de partager une thermo de maté. L’un d’eux ne lâchera ma main que lorsque son frère me rendra la tasse brûlante. Pendant ce temps ils ne peuvent s’empêcher de me raconter une blague sur les français « c’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup d’eau en France et que c’est pour cela que les français se lavent à l’eau de Cologne?! » Et nous voilà parti dans un éclat de rire et eux qui continuent « blague à part vous avez les meilleurs parfums ».

– Je continue ma route et vois un cycliste en sens inverse. Gustavo vient de Buenos Aires, il est conducteur de camions blindés et a obtenu quelques jours de vacances. Il en a donc profité pour venir faire la route des sept lacs. Une thermo de maté plus tard et des anecdotes de voyage partagées nous nous séparons en nous souhaitant bonne route.

– La nuit commence à tomber et toutes ces rencontres m’ont bien retardées mais qu’importe elles sont ce pour quoi je voyage. Malgré tout je fatigue et commence à regarder depuis plusieurs kilomètres déjà le bas côté mais impossible d’y planter la tente à cause des nombreuses pierres qui s’y trouvent. Je gravis donc encore une côte quand je me retrouve face à face à deux cyclistes argentins eux aussi exténués et cherchant un coin d’herbe pour passer la nuit. On décide de camper tous les trois. Ils n’en reviennent pas de mon chargement, eux aussi n’avaient que quelques jours et font seulement la route des lacs. Ils sont partis un peu précipitamment sans même vérifier leur tente qui s’avérera à moitié cassée. L’un d’eux propose de faire du riz, moi avec mes sacoches pleines je propose des avocats, des tomates, du citron et sors même la tablette de chocolat pour le dessert (le secret énergétique pour se remettre d’une dure journée de vélo!) Et je rigole, ces gars n’ont rien mais ils ont la bouteille de Whisky! On se fait donc une vaisselle improvisée brins d’herbe et whisky (depuis le temps vous les attendiez mes astuces camping non?!) Et puis on en garde un peu pour nous aussi ça réchauffe du froid patagonien. Bref ce soir là nous dînerons un « rizotto a la leña » (Au feu de bois) et on en rit encore… Ben oui je n’ai pas sorti ma bombone de gaz mais en même temps ces argentins mettaient tellement de cœur à l’ouvrage à faire le feu et à le maintenir. Ils ne supportaient pas l’idée de se faire battre par un américain (Au Pérou Jeremy me faisait des pancakes au petit déjeuner même sous la pluie) du coup ils sont rentrés dans une compétition et m’en ont « à peine » voulu quand je leur ai montré la bombone le lendemain hahah. Bref avec ces deux là c’est des fous rire garantis! Ce que je ne savais pas c’est qu’ils feraient, avec Gustavo, ma publicité va travers la route 40…

– C’est comme ça que je suis arrivée à l’hostal Villa la Angostura et qu’un père et son fils, argentins de Cordoba sont venus se présenter en me disant « c’est toi la fille aux sacoches jaunes, au vélo impossible à soulever et où il ne manque rien ? » Qu’est-ce qu’on a rit tous les trois ces deux jours dans ce petit village. Eux non-plus ne s’étaient pas entraînés mais ils se sont lancés dans l’aventure pour quelques jours sur la route des lacs. Le père m’avouera que de me voir ainsi cela lui donnait clairement envie de faire un voyage au long cours. Il ne s’attendait pas à rencontrer de si belles personnes pendant son voyage m’a t-il confié et on voyait qu’il était profondément ému. Moi je trouvais ça magnifique ce qu’il partageait avec son fils, et cela allait créer pour sûr des souvenirs pour la vie. Il y avait quelque chose en eux qui me touchait et inversement. On s’est dit au revoir en prenant cette photo à l’hostal sans savoir que nous nous reverrons deux jours plus tard sur la route… Eux en voiture, m’attendant en haut d’une côte, ils sont descendus et émus on s’est pris dans les bras. Le père à alors demandé à son fils de nous reprendre une photo puis il m’a dit « ils avaient raison ces argentins avec qui tu as campé, ils nous avaient dit que tu étais spéciale. Tu sais quand je te vois je vois mon fils. Je sais que tu vas réussir, je suis fière de toi. Prends soin de toi et tiens nous au courant ». Je ne vous raconte pas dans quel état j’étais après ça ! Hier je n’ai pas pu m’empêcher de leur envoyer un message et celui qu’ils m’ont renvoyé m’a donné les larmes aux yeux…

– À Bariloche j’ai retrouvé mes compagnons de camping qui m’ont vraiment chouchoutée! « On t’invite » m’ont-ils dit à peine arrivée ! Alors on a profité des spécialités de Bariloche… Les chocolats et les bières artisanales et le tout accompagné d’un délicieux barbecue au Malbec.

Voilà ce ne sont peut être pas grand chose mais ces moments représentent beaucoup pour moi. Si j’ai toujours tant aimé l’Amérique du Sud c’est certes pour ses paysages mais surtout pour ses habitants tellement accueillants. On peut faire des milliers de kilomètres et admirer de multiples paysages mais si différents soient-ils les uns des autres ce n’est pas ça voyager. Voyager c’est aller à la rencontre des gens, c’est s’ouvrir à eux, s’intéresser à eux et partager avec eux.

10 réflexions sur “Les rencontres du quotidien

  1. Chère Diane
    Je viens de lire ton article « Les rencontres du quotidien » qui m’a beaucoup touché.
    « Voyager c’est aller à la rencontre des gens, c’est s’ouvrir à eux, s’intéresser à eux et partager avec eux. » Je partage pleinement ton avis !!! C’est ça la vraie richesse et elle est irremplaçable !!!
    Je te souhaite plein d’autres rencontres aussi belles les unes que les autres… puisque ce sont elles qui te donnent la force et l’énergie pour poursuivre ta route 😉
    Amitiés
    Sigrid

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    1. Merci beaucoup Sigrid pour ton commentaire, j’ai toujours beaucoup aimé échanger avec toi ça me fait plaisir de voir que tu partages cet avis !

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  2. très beau commentaire sur tes rencontres,de belles photos . Un grand merci pour nous permettre de voyager en ta compagnie.
    Bon courage et bonne continuation.
    A très bientôt pour la suite
    Chantal

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  3. Incroyable ! Merveilleux ces rencontres !
    Quelle hospitalité, quelle générosité, quelle ouverture ! Ce n’est pas courant dans notre quotidien !! Merci pour le partage, j’espère grâce à toi me souvenir de ces belles leçons de vie…

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  4. Diane Merci de nous faire partager tes belles rencontres. Comment va ta cheville ? Tu es toujours aussi courageuse. Bises Marie Odile

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    1. Coucou Marie Odile 🙂 ma cheville ne va pas mieux c’est pour ça que je tarde à rejoindre le sud. Je continue mais j’ai fortement réduis la distance quotidienne… Quand je campe je ne peux pas faire grand chose et quand je vais dans un hostal j’en profite pour mettre de la glace dessus. Un gros bisou depuis El Bolsón!

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  5. Oui, partir à l’étranger et rencontrer les gens, ça change les mentalités.

    Ça devrait être obligatoire pour éviter tous les désastres et crises actuelles.

    Et non, ce n’est pas rien, c’est une formidable tranche de vies, une expérience profonde. Merci de ll’avoir partagée avec nous.

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